Brakley Cassinga, l’électronicien autodidacte qui éclaire Bukavu, à l’Est de la RD Congo

Article : Brakley Cassinga, l’électronicien autodidacte qui éclaire Bukavu, à l’Est de la RD Congo
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8 juin 2019

Brakley Cassinga, l’électronicien autodidacte qui éclaire Bukavu, à l’Est de la RD Congo

« Si gros que soit le baobab, il est né d’une graine », dit-on. Brakley Cassinga, 21 ans, fait sans aucun doute partie de ces jeunes inventeurs qui deviendront des baobabs dans la société congolaise. Ce jeune vivant à Bukavu, une ville de l’Est de la RD Congo, est à la base de plusieurs inventions dans des secteurs comme les nouvelles technologies de l’information et de la communication, les energies renouvelables mais egalement la sécurité. Il fournit également des nombreuses prestations à des entreprises mais il se refuse d’en parler pour des raisons de confidentialité.

N’ayant pas poursuivi des études supérieures après l’obtention d’un diplôme en Math-physique, Brakley Cassinga se contentera d’une formation en électronique et se perfectionnera grâce à une curiosité sans pareille dont il fait preuve. Il est le concepteur du Kibido ( bidon en swahili), une lampe fabriquée avec des pieces recyclées et dont la batterie peut durer plus de 42 heures. A cette invention s’ajoutent plusieurs autres dont l’application Zamu (sentinelle en swahili), un logiciel permettant de surveiller un rayon de 100 mètres et d’alerter le propriétaire s’il s’observait des mouvements dans sa concession ou un logiciel permettant de rendre une maison intelligente. « Il suffit que j’appuie sur le bouton 1 pour éteindre la lampe dans ma maison », me dit-il.

Les problèmes comme source d’inspiration

Cet électronicien autodidacte s’inspire des problemes que rencontre la communauté et s’adonne à la recherche de la solution comme en temoignent ses differentes inventions. L’entrepreneur dont le projet vient d’être sélectionné au Tony Elumelu Entrepreneurship Program estime que ses inventions ne peuvent etre utiles que si elles résolvaient un problème de la communauté. « J’ai déçu plus de 20 personnes qui voulaient que j’aille travailler en Europe », se souvient-il.

L’environnement n’aidant pas, Brakley se trouve confronter à des multiples difficultés. Le plus grand d’entre eux demeure le manque d’infrastructures lui permettant d’accroitre sa production. « Pour le Kibido, je ne peux produire que deux torches par jour et j’ecoule toute la production au meme moment… Si je pouvais industrialiser mon système de production, je produirais sûrement plus et je vendrais plus car le produit interesse plusieurs ménages » me confie Brakley avant de me signaler qu’il est en pourparler avec le Fonds pour la Promotion de l’Industrie.

Au-delà du problème lié aux infrastructures, il se trouve obliger de faire face au souci lié à la protection de ses inventions. Sans le soutien des autorités, difficile de protéger ses œuvres et ainsi éviter le piratage. D’autres inventeurs en ont déjà fait l’experience. « Les gens achètent mes produits et je ne sais pas ce qu’ils en font par la suite… Celui qui a plus des moyens que moi peut s’inspirer de mes inventions et produire la meme version », craint-il.

Des regrets et beaucoup d’espoir

Des perspectives, il n’en manque pas. Il rêve de mettre sur pied une grande usine lui permettant d’accroitre sa production et ainsi apporter une solution durable à certains problemes dont est victime sa communauté. « J’ai toujours dit à mes amis européens de venir investir ici au lieu de m’inviter chez eux car la guerre qu’ils craignaient a déjà pris fin» me dit-il avant de fustiger l’attitude de certains compatriotes qui ternissent l’image du pays afin de proteger leurs interets egoistes. «Ils ne savent pas que leurs messages nuisent sérieusement à l’economie du pays », regrette-t-il.

Au-delà des reves et des plaintes, il se lit, dans le regard de Brakley, beaucoup d’espoir et une foi inébranlable en un avenir radieux. Esperons que Brakley, par la qualité de ses inventions, suscite en nous l’envie de la consommation des produits locaux. Aussi longtemps que les congolais ne consommeront pas les productions de leurs propres fils, l’histoire des inventions s’ecrira en l’honneur des étrangers.

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Commentaires

Daniel akilimali
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Intéressant vraiment il mérite un encouragement